Comment j’ai réédité un livre de contes de fées
Cette année je réalise un rêve que je n’avais même pas osé imaginer.
Parfois certaines choses nous semblent tellement hors de notre portée que le jour où on est enfin en mesure de le réaliser on n’y pense même pas.
Moi par exemple, j’ai lentement acquis plein de compétences, sans entrevoir un jour qu’en les combinant je pouvais réaliser un projet qui ne me semblait pas pour moi :
Rééditer un livre de contes de fées ✨
La somme de compétences
Pour ça il m’a fallu :
- quelques années de pratique de restauration d’images
- de création sur illustrator
- de mise en page sur indesign
- de travail sur des gabarits d’impression pour l’impression à la demande
- des centaines d’heures de recherches dans des archives en ligne
- et des connaissances solides sur le domaine public.
- des années d’écriture
La partie 1 c’est 23 ans de pratique quasi quotidienne : j’utilise photoshop depuis l’an 2000 👵🏻 (photoshop 6 ça s’appelait, celui avec la joconde)
La partie 2 c’est quasi 20 ans également, mais plus erratique. J’ai commencé en 2003 suite à une demande de stage où j’avais dit que je ne savais pas utiliser le logiciel, le mec qui m’avait reçue en entretien m’avait dit “très bien tu as 4 jours pour m’envoyer un plan fait sur le soft”. Et j’avais bossé nuits et jours sur un plan de mon appartement. Après j’ai fait énormément de plans sur illustrator quand j’ai bossé comme architecte intérieur chez l’Oréal.
La partie 3 c’est venu plus tard : quand j’ai fait mes workshop je voulais faire des jolis livrets de formation et je m’y suis mis. Un peu dur à prendre en main au début mais maintenant j’ai le coup de main.
La partie 4 je m’y suis sérieusement frottée en bossant sur mes carnets depuis 2 ans en créant des carnets sur des sites d’auto édition de livres, vraiment pas la partie évidente (on appelle ça l’exé).
La partie 5 je la pratique depuis l’an 2000 également, mais je me suis spécialisée dans la recherche d’archives d’illustrations dans le domaine public il y a 3 ans quand j’ai lancé mon blog payant que je voulais illustrer avec des images sans avoir à payer de droits.
La partie 6, idem, depuis 3 ans également.
Et la partie 7 c’est quelque chose qui se développe à force de pratique depuis que je tiens mon blog soit 17 ans. J’ai aussi écrit plusieurs livres avec 4 maisons d’éditions différentes (j’en reparle un peu plus bas ⬇️) et cette expérience m’a pas mal aidée à démystifier le monde de l’édition et à me dire que oui je pouvais faire ça moi même
Oui tu es légitime
Ensuite, encore fallait-il que m’apparaisse l’évidence : j’étais capable de le faire.
C’était pas du tout évident pour moi de me rendre compte que la somme de tout ça me permettait de rééditer un livre.
Je ne sais plus quand ça a fait TILT! dans ma tête.
Puis il a encore fallu que je me persuade que j’étais légitime pour le faire
C’est comme ça qu’après une lente réflexion j’ai décidé au printemps d’éditer une version des Nouveaux Contes de Fées de la Comtesse de Ségur avec les envoûtantes illustrations de l’américaine Virginia Frances Sterrett (trop méconnue à mon goût).
Comment c’est possible ?
C’est simple, les textes de la Comtesse de Ségur sont dans le domaine public depuis 1930 et les illustrations de Virginia Frances Sterrett depuis 1996. On peut donc les commercialiser.
Pour combiner les deux et en faire un livre il a fallu que je restaure les illustrations, travaille la mise en page, intègre le texte, prépare les maquettes d’impression et ajoute ma petite touche…
…un éclairage sur chaque conte et sa morale, son inspiration et ce qu’ils ont laissé comme trace dans notre imaginaire collectif et notre culture contemporaine (un extrait est dispo ci dessous ⬇️)
J’avoue avoir eu l’envie folle de traiter tout ça sous un angle féministe.
Parce que l’histoire n’a injustement retenu du conte de fées que des auteurs masculins comme Perrault, Andersen ou Grimm et des illustrateurs comme Doré, Rackham, Justice Ford.
Alors que les contes de fées ont majoritairement été écrits et illustrés par des femmes.
Ce qui est rageant quand on y pense, le terme même de contes de fées nous venant de Marie Catherine d’Aulnoy, contemporaine de Perrault et autrice de contes qui ont influencé le genre jusqu’à aujourd’hui.
J’ai donc eu envie de développer, et de proposer modestement d’aller un peu plus loin que simplement rééditer ces contes.
Extrait de l’éclairage sur Blondine Bonne-Biche & Beau Minon
Il y a déjà la belle mère jalouse de la fille parfaite issue d’une première union. Un grand classique, qu’on retrouve dès Pentamerone (1634), le recueil fondateur du conte de fée de l’Italien Giambattista Basile avec le conte La Chatte des cendres (qui inspira Cendrillon) et Soleil, Lune et Thalie (qui inspira la Belle au Bois Dormant).
Cette femme malfaisante mue par une féroce jalousie qui précipite le destin des autres ne manque pas de représentations dans notre imaginaire collectif.
Il y a aussi l’opposition Brune / Blonde avec les personnages de la jolie Blondine et de Brunette la moins belle, qui est aussi méchante que sa soeur est bonne.
La femme blonde était l’image de la Sainte dans l’iconographie religieuse, elle symbolisait la jeunesse, la pureté, l’innocence et la beauté, alors que la femme brune représentait plus souvent la mauvaise femme, la maîtresse ou l’aventurière.
On retrouve cette opposition dans les contes dès le Moyen âge avec Tristan et Yseult (où Yseult la Brune, la fourbe y est opposée à Yseult la blonde).
Si l’image de la blonde a aujourd’hui changé, le cliché d’un prétendu caractère déterminé par la chevelure d’une femme a toujours cours dans notre culture.
Enfin il y a cette adolecente qui n’est jamais maîtresse de son destin : Blondine est toujours en proie aux autres, aux bons et aux mauvais génies. Tantôt prisonnière, tantôt manipulée, elle n’est jamais actrice, elle dépend toujours d’un tiers, même sa faute est expiée dans la passivité.
Elle est récompensée par un mariage, son seul horizon c’est le foyer et le retour au domicile.
Le stéréotype de la jeune femme passive qui a besoin d’être secourue ou dont le seul objectif est l’amour d’un homme, un cliché largement remis en question aujourd’hui mais encore trop présent dans les oeuvres de fiction.
Et je terminerai par un très bon point puisqu’on notera que Blondine n’épouse pas un inconnu à peine rencontré une fois dont la littérature, les contes puis les films d’animation nous ont abreuvés pendant des siècles.
Souvenez vous de Rose, Blanche neige, Cendrillon et Ariel chez Walt Disney qui se meurent d’amour après une unique et furtive rencontre.
A la place elle épouse l’ancien Beau Minon avec qui elle a forgé une belle amitié lorsqu’elle était captive.
L’impression à la demande
J’ai choisi d’auto-éditer ce livre en impression à la demande chez Lulu.com parce que mon expérience du monde de l’édition a été affreuse : j’étais sous-payée, mal considérée, rémunérée au lance pierre.
Je trouvais également que bien trop peu de moyens étaient mis en oeuvre pour faire une jolie maquette, j’ai dû plusieurs fois m’en mêler et y passer des dizaines d’heures non rémunérées pour que le rendu soit beau.
Et puis j’ai découvert tout le gâchis des livres mis au pilon (sur l’ensemble de la production imprimée, les éditeurs français font détruire 20 à 25 %, soit 142 millions d’ouvrages).
J’ai donc décidé de passer par l’impression à la demande parce que ça me semble être une solution plus durable.
Mais ça a un coût et si on ajoute à ça le fait que je n’aurais jamais la force de frappe d’une maison d’édition d’un point de vue distribution et marketing soyons honnêtes, ça va pas être la ruée vers l’or 😊
Mais au moins c’est MON projet et j’ai pas l’impression d’être sous considérée par la machine des maisons d’édition.
Voilà comment se découpe le prix de mon livre (frais de port compris) :
Un joli cadeau
J’ai travaillé d’arrache pied pour que ce livre soit dispo pour noël, il convient aux adultes comme aux enfants à partir de 5-6 ans.*
Je suis personnellement devenue lectrice en lisant la Comtesse de Ségur et ses autobiographiques Malheurs de Sophie.
Après avoir dévoré toute la bioblithèque rose et absolument tous ses livres, ce n’est que très tardivement que j’ai découvert ces “Nouveaux contes de fées” telle une dernière pépite.
Ces contes m’ont émerveillée.
Je me souviens encore du plaisir que me procurait les descriptions du repas divin servi à Blondine chez Bonne Biche et Beau Minon, ou des tenues enchanteresses de la princesse Rosette.
Il ne semblait pas y avoir de limites au merveilleux.
J’espère donc que ce sera un joli cadeau pour les petits et les grands.
*Age de Camille et Madeleine de Malaret, les petites filles de la Comtesse de Ségur quand elle a imaginé ces contes pour elles
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